Dragons [How to Train Your Dragon]

Pas vraiment taillé pour la chasse aux dragons, Hiccup a du mal à suivre les traces de son père, robuste guerrier viking et chef du village. L’affiche en dit assez long sur la suite...

En un éclair, l’action embrase l’écran. Ce feu maîtrisé, le film ne perd pas son dynamisme et les sarcasmes sortent de la bouche du séditieux héros comme les flammes de celles des dragons. J’écarquille régulièrement les mirettes, admirant les décors impressionnants et l’animation irréprochable. Le soufflet retombe peu avant la conclusion de cet agréable divertissement.

De : Chris Sanders, Dean Deblois 1h30

Avec (entre autres) les voix de : Jay Baruchel, Gerald Butler, America Ferrara, Jonah Hill

Tête de Turc

Témoins d’une arrestation spectaculaire, de jeunes habitants d’une cité s’en prennent à un véhicule de police. Non loin de là, Simon prodigue des soins à ses patients. Le tourbillon de la violence ne va pas l’épargner.

La présence au générique de certains comédiens m’a conduit jusque devant ce premier long-métrage qui multiplie les portraits pour dépeindre la banlieue. Ce sont pourtant les promesses d’une inconnue que je retiens. Malgré une sincérité palpable et un propos défendable, les ficelles grossières qui relient entre eux les différents protagonistes m’exaspèrent. Mais comme l’affaire ne s’éternise pas, je ne parlerai pas de calvaire.

De : Pascal Elbé 1h26

Avec (entre autres) : Samir Makhlouf, Roschdy Zem, Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Adèle Exarchopoulos

White Material

Des félins traversent la nuit. Un homme blessé. Des soldats le regardent. Une femme marche à travers les hautes herbes sèches. Elle hèle une voiture. Un bus s’arrête. Elle monte dessus. Elle se rappelle.

Loin de m’éconduire, le caractère austère des images commence par me séduire. Je suppose qu’en adoptant une approche aussi brute, ce film rébarbatif démythifiera l’Afrique cinématographique. Mais il apparaît bien difficile d’échapper aux figures imposées lorsque l’on évoque la guerre civile, l‘exploitation de la souffrance ou l’incitation à la violence. Le scénario elliptique se concentre donc sur ses personnages, mystérieusement fantomatiques. L’épilogue me désespère.

De : Claire Denis 1h40

Avec (entre autres) : Isabelle Huppert, Christophe Lambert, Isaach de Bankolé, Nicolas Duvauchelle

Alice au Pays des Merveilles [Alice in Wonderland]

Chaque nuit, le même cauchemar réveille la petite Alice. Elle poursuit un lapin en retard, rencontre un dodo dandy, une chenille fumeuse, un chat souriant, un lièvre toqué, un loir dans une théière, un chapelier illuminé...

Échaudé par les derniers produits de la marque Tim Burton, j’ai froidement laissé mon enthousiasme au placard. Je le retrouve dare-dare. En fait, il était dans ma poche. Binoclard parmi les binoclards (technologie ternaire oblige), j’embrasse gaiement cet univers peuplé de créatures fantaisistes, dont un Johnny Depp colorisé. Il y a en moi un enfant que chaque minute de ce voyage émerveille. L’adulte se contente d’apprécier le paysage.

De : Tim Burton 1h48

Avec (entre autres) : Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway

Tout ce qui brille

Ely et Lila flânent sur un banc banlieusard. Les deux amies y accomplissent un rituel complice qui mêle cancans et pitreries. Ce soir, elles danseront à Paris et rêveront d’un monde qui ne leur appartient pas.

Je n’aime pas les bandes-annonces quand elles mentent ou qu’elles trompent. Je les hais quand elles ne font ni l’un ni l’autre. De cette tendre comédie, elles m’ont déjà révélé les grandes lignes et les bonnes vannes. Je ne profite donc pas vraiment de ce film aux dialogues follement soignés et auquel les actrices apportent une énergie débordante. Pis, je m'ennuie un peu.

De : Géraldine Nakache, Hervé Mimran 1h40

Avec (entre autres) : Géraldine Nakache, Leïla Bekhti, Audrey Lamy, Virginie Ledoyen, Linh-Dan Pham

Soul Kitchen

Dans un hangar au bord d’une voie ferrée désaffectée, Zinos a installé son restaurant. Sa clientèle populaire semble se satisfaire d’une bouffe sans esbroufe car tout ce qu’il sert sort du congélateur et passe par la friteuse.

L’entrée (en matière) ne m’emballe pas, mais de multiples ingrédients (comiques ou dramatiques) vont incessamment pimenter le point de départ douceâtre. D’ailleurs, il s’en passe tellement que la quantité de péripéties pourrait vite me rassasier. Le film s’avère pourtant plus que digeste; je le trouve même délicieux, avec ses personnages croustillants et sa musique à mon goût. Met(s) de bonne humeur.

De : Fatih Akin 1h39

Avec (entre autres) : Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu, Birol Ünel, Anna Bederke

Bad Lieutenant: Escale à la Nouvelle-Orléans [Bad Lieutenant: Port of Call New Orleans]

Un serpent nage. Dans leur commissariat inondé après le passage de l’ouragan Katrina, deux inspecteurs découvrent un détenu que la montée des eaux condamne. Terry hésite puis se jette. Il sera promu lieutenant.

Dans ce décor post-apocalyptique, un destin inique transforme le flic cynique en individu erratique et sadique. Articulée autour d’une enquête policière, la description malicieuse de cette descente aux enfers recèle quelques moments de pure insanité. Mais en dépit de scènes malsaines ou volontairement choquantes, le film n’assume pas toujours la perversité qui fait pourtant son originalité.

De : Werner Herzog 2h01

Avec (entre autres) : Nicolas Cage, Eva Mendes, Xzibit, Val Kilmer

L’Arnacoeur

En vacances au Maroc, Florence rêve de voir les dunes mais son compagnon préfère lézarder au bord de la piscine. Elle tombe alors sur Pierre, médecin humanitaire trop beau pour être vrai, qui l’emmène dans le désert.

Je ne tarde pas à sourire et je ne boude pas mon plaisir devant cette comédie à tendance romantique, bien servie par une brochette d’acteurs savoureuse. Sur une trame amusante, le scénario brode avec raffinement et un rare souci du détail. Le rythme ne faiblit jamais, les dialogues évitent la médiocrité et l’humour me séduit au point que l’évidence de la conclusion ne me rend le film moins sympathique.

De : Pascal Chaumeil 1h45

Avec (entre autres) : Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens, Helena Noguerra

Blanc comme neige

Un homme gît dans la neige, la main armée et le ventre saignant. Avant d’en arriver là, Maxime gagnait beaucoup d’argent en vendant des voitures de luxe et il habitait avec sa superbe femme une grande et belle maison.

L’entame m’excite à peu près autant qu’un documentaire sur le régime alimentaire des vers de terre depuis la dernière révolution industrielle. Je suppose alors que la suite va m’offrir son lot de rebondissements. Que nenni, pas le moindre coup de théâtre! Faudrait-il se contenter de coups de poings par-ci et de coups de feu par-là?

De : Christophe Blanc 1h30

Avec (entre autres) : François Cluzet, Olivier Gourmet, Louise Bourgoin, Jonathan Zaccaï

Chloé

Un dos nu, une poitrine suggérée. Elle s’habille lentement, maîtrise ses mots autant que ses gestes. Pensive, une femme la regarde dire au revoir à son client. David, professeur, dissèque un opéra avec ses étudiants.

L’expiration des sentiments inspire cette chronique de la vie de couple. Les acteurs s’impliquent et la caméra s’applique mais une fois le postulat connu, le scénario réserve peu de surprises. Heureusement que les lèvres charnues d’Amanda Seyfried (m’)occupent une bonne partie du film car cette poursuite du réalisme ne mène à rien d’autre qu’une chute grotesque.

De : Atom Egoyan 1h36

Avec (entre autres) : Julianne Moore, Liam Neeson, Amanda Seyfried

Le Rêve italien [Il Grande Sogno]

En Italie, Mai 68 commence en janvier. Six mois avant (en 1967 donc), Laura avoue à ses parents catastrophés qu’elle a manifesté. De son côté, Nicola achève docilement sa formation de policier.

Si l’on raconte ici les événements plus qu’on n’en rend compte, j’en apprends néanmoins de belles sur le passé récent du voisin transalpin. Pour autant, je ne rentre immédiatement dans ce film dont les futiles effets visuels m’exaspèrent. Mais lorsque les rôles principaux se libèrent enfin de la densité du propos, le contexte historique s’efface judicieusement au profit d’un texte lyrique.

De : Michele Placido 1h40

Avec (entre autres) : Jasmine Trinca, Riccardo Scamarcio, Luca Argentero

Liberté

Les fils barbelés vibrent telles les cordes d’une guitare. Dans la forêt française, les chevaux tirent, les hommes poussent et les roulottes cheminent. En cette année 1943, la menace nazie pèse aussi sur les tsiganes.

Après L’Armée du crime et La Rafle, deux fades productions à peine sauvées par leurs intentions, j’appréhende toute tentative nationale de traiter l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale. Je reste donc méfiant quand les premières images me font de l’oeil. Mais cette histoire me touche profondément et je m’attache rapidement à ses protagonistes, violonistes ou guitaristes. Grave et subtil, ce film fait honneur à son titre.

De : Tony Gatlif 1h50

Avec (entre autres) : Marie-Josée Croze, Marc Lavoine, James Thiérée, Mathias Laliberté

Les Chèvres du Pentagone [The Men Who Stare at Goats]

Un officier américain tente de se rendre dans le bureau voisin sans passer par la porte. Bob, journaliste, interviewe un illuminé qui prétend voyager avec son esprit. Et tout cela s’inspire (librement) de faits réels.

Les premières scènes ne dissimulent pas la vocation comique de ce long-métrage. Mais sous le vernis qui gondole, on égratigne gentiment l’armée et ses abus. Avec ses dialogues délirants, ses personnages loufoques, ses situations burlesques et son Jeff Bridges à tignasse, ce film m’évoque par instants le légendaire The Big Lebowsky. Seul bémol, la conclusion, trop molle et pas assez folle.

De : Grant Heslov 1h32

Avec (entre autres) : George Clooney, Ewan McGregor, Jeff Bridges, Kevin Spacey

Achille et la tortue [Achilles and the tortoise]

Achille peut-il rattraper la tortue? Non. Kuramochi, riche acheteur d’art, rentre chez lui très aviné. Son fils Machisu, passionné de dessin et adoubé par un peintre renommé, fera tout pour vivre de ses toiles.

Il y a dix ans, la filmographie de Takeshi Kitano m’en mettait plein la vue. Aujourd’hui, je souris parfois en souvenir du bon vieux temps mais cette nouvelle oeuvre m’ennuie longtemps. Minimaliste, l’histoire sert de prétexte à une ébauche de réflexion sur la création. Pas inintéressant sur le fond, sa forme sordide me déçoit.

De : Takeshi Kitano 1h59

Avec (entre autres) : Yurei Yanagi, Kumiko Aso, Takeshi Kitano, Kumiko Higuchi

La Rafle

Paris, juin 1942. Pour la première fois, Joseph se rend à l’école avec l’étoile jaune qui le désigne comme juif. Dans un mois, 13000 hommes, femmes et enfants seront arrêtés et parqués au Vélodrome d’Hiver avant d’être livrés à l’Allemagne.

Ce drame historique s’attache aux destins de quelques familles et personnages pour rendre compte de l’horreur des événements décrits. Le thème procure une forte émotion et la mise en image de la cruauté humaine laisse songeur. Mais le film n’a pas la puissance de son sujet. Le scénario tente en vain de reproduire la réalité et s'en contente, oubliant que le cinéma est davantage un regard qu’une vision.

De : Rose Bosch 1h56

Avec (entre autres) : Gad Elmaleh, Mélanie Laurent, Jean Réno, Hugo Leverdez

The Ghost Writer

Un ferry accoste. Toutes les voitures en débarquent, sauf une. Le cadavre de son conducteur est échoué sur une plage. Le défunt s’occupait de rédiger les mémoires d’un premier ministre britannique, il faut donc le remplacer.

Les personnages et événements évoqués font clairement référence à l’histoire contemporaine. Pourtant, le parti-pris politique relève de l’anecdote. Le film prend en fait la forme d’un linéaire thriller d’espionnage et je pâtis de l’apathie de l’intrigue. Des ronflements (pas les miens!) accompagnent le développement, mes désillusions la conclusion.

De : Roman Polanski 2h05

Avec (entre autres) : Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams, Kim Cattral

Nine

Errant au milieu des décors de son prochain film, Guido Contini, réalisateur renommé, tente d’en imaginer l’histoire. Dans son rêve, les femmes chantent, dansent, l’entourent, le charment. Mais ne l’inspirent-elles plus?

Cette comédie musicale visiblement inspirée de l’univers fellinien, illustre en chansons les affres de la création. Le personnage promène sa silhouette pénitente d’une femme à l’autre, entre tendresse maternelle et maîtresse sensuelle. Je me retrouve dans sa vulnérabilité au sexe dont la faiblesse n’est qu’adjective et je me perds dans le regard blessé de Marion Cotillard. Malgré quelques longueurs conséquentes et des compositions peu emballantes, il me plaît d’aimer ce film.

De : Rob Marshall 1h55

Avec (entre autres) : Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Penelope Cruz, Judi Dench